Juillet 1987 : crue fatale à Montréal

Les orages font partie intégrante de la météo estivale au Québec. Mais le 14 juillet 1987, ceux-ci ont eu des conséquences dramatiques. Un homme de 80 ans a péri noyé sur une autoroute de la métropole.


Les premières semaines de juillet 1987 avaient durement éprouvé les Montréalais. Une chaleur accablante recouvrait la métropole. Le front froid qui a traversé la région le 14 juillet est responsable de bandes orageuses qui ont déversé plus de 100 mm en moins de deux heures. Le réseau d'égout n’a pas suffi à la tâche et la ville s’est retrouvée sous l’eau.

Une conjugaison explosive

La plupart des catastrophes naturelles sont le résultat de la conjugaison de plusieurs éléments et le déluge de Montréal n’y fait pas exception. Pendant plus d’une semaine avant le déluge, toute la province était affectée par une canicule. Le sud du Québec enregistrait parfois 35 °C avec un taux d’humidité dépassant 65 %. La combinaison de la température de l’air et du taux d’humidité donne une valeur humidex de 50, ce qui représente un risque élevé pour la santé.

Il y avait un creux dépressionnaire en altitude. L’amplification de celui-ci a favorisé la naissance d’une dépression au sud-ouest d’Ottawa. Celle-ci, en s’intensifiant, a propulsé toute l’humidité dans la haute atmosphère, formant un orage violent qui a déversé plus de 100 mm de pluie en seulement deux heures. On a aussi rapporté de la grêle. La masse nuageuse avait une épaisseur d’au moins dix kilomètres. Imaginez la quantité d’eau qu’une telle formation nuageuse peut contenir et déverser.

L’aéroport Montréal-Pierre Elliott Trudeau a reçu un peu moins de 60 mm de pluie pendant que la station du parc Lafontaine en observait 103 mm. Sainte-Dorothée en a compilé un peu plus de 70 mm. Pourtant les stations tout près de la ville sur la rive sud du Saint-Laurent, comme Saint-Hubert et La Prairie, n’en ont reçu que 10 à 20 mm.

Beaucoup trop pour nos infrastructures

Tous les experts s’entendent, le réseau d'égout de la ville n’est pas conçu pour évacuer autant d’eau en si peu de temps. Ce réseau peut en absorber environ 35 mm à l’heure. Il n’a donc pas suffi à la tâche. Une grande portion du centre-ville s’est retrouvée inondée. Le métro a dû cesser ses activités à cause des inondations dans certaines stations et certains tunnels. Les autobus appelés en renfort sont restés coincés dans les bouchons qui ont complètement paralysé la ville. La célèbre autoroute Décarie, empruntée par environ 100 000 automobilistes par jour, s’est transformée en piscine géante. Les pompiers ont dû y descendre leurs échelles dans le but d’évacuer les automobilistes coincés par la montée des eaux.

Les vents et la foudre ont causé des pannes de courant qui ont privé 350 000 résidences d’électricité. Tout l’étage où se trouvaient les systèmes informatiques d’Hydro-Québec a été submergé par l’eau, paralysant tout le réseau informatique de la société d'État.

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Deux drames dans des sauvetages héroïques

Le déluge de Montréal est responsable de deux pertes de vie. Dans une des bretelles de l’autoroute 40 à la jonction avec la 15, une voiture a été emportée par les flots. Plusieurs samaritains, dont un pompier qui se rendait au travail, ont fait fî du danger et ont plongé pour secourir les trois passagers de la voiture. Malheureusement, le conducteur, un homme de 80 ans, a été emporté avec son véhicule. L’autre victime a été électrocutée.

On estime que près de 50 000 maisons ont été inondées.

À la suite de ce déluge de juillet 1987, le centre de sécurité civile de Montréal a été créé afin de mieux coordonner les secours lors de catastrophes naturelles dans la métropole.


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